Le design thinking à toutes les sauces a fait beaucoup de mal ! Sa banalisation fait parfois oublier quelques principes élémentaires sur lesquels préparer le travail collectif si l’on veut obtenir des participants le meilleur et en tirer un travail productif et exploitable.
Il y a quelques années, la tendance était à “l’intelligence collective” et certaines entreprises ont alors créé leur “lab” interne : cette cellule chargée de démêler les problèmes, “faciliter” l’innovation, “fluidifier” les process, “désiloter” plein de trucs avec des synergies dedans !
Plusieurs clients nous ont déjà parlé des limites de cette initiative : une fois qu’il est là, le lab doit justifier son utilité et rapidement, on finit par lui confier tout et n’importe quel sujet, y compris ceux qui ne sont pas appropriés à sa démarche. Comme en plus il se targue d’être “agile”, on ne se gêne pas pour lui : on lui envoie ses problèmes en vrac, non structurés et sans tenir compte de ses contraintes en termes de méthode ou de préparation. “Il va bien nous improviser quelque chose !”
Et voilà comment, au fil du temps, le lab perd en performance, en crédibilité… jusqu’au jour où ses post-it colorés finissent par devenir le running gag de la machine à café… 🙁
Autre écueil : le fameux “temps de co-construction” rajouté au programme de la plénière ou du séminaire à la hâte, conçu sans autre objet que de “faire sentir aux participants qu’on les implique”… Le risque est de donner plutôt l’impression qu’on les fait réfléchir à blanc, histoire d’occuper l’après-midi. Et dans ce cas, mieux vaut le comédien d’entreprise ou le tournoi de Mölky !
Quelques principes élémentaires pour réussir vos ateliers
Tout cela n’enlève rien aux vertus de l’atelier quand il est sérieusement organisé et mis au service d’un projet qui requiert l’engagement des collaborateurs ou la personnalité de l’entreprise. Voici quelques fondamentaux pour organiser les vôtres :
- Soyez clair avec vous-mêmes sur les attendus concrets de l’atelier. Ayez un fil directeur solide et chronométré qui vous permettra de diriger et recadrer les échanges.
- Composez le groupe avec parcimonie. Équilibrez les vues stratégiques et opérationnelles parmi les participants.
- Fournissez matière à réflexion : l’intelligence collective n’émane pas spontanément, elle répond à des propositions qui lui sont faites.
- Gérez le chrono avec attention, autorisez les dépassements si l’échange est fructueux, ajustez en temps réel les séquences qui doivent l’être pour rattraper le temps perdu (ne sacrifiez jamais la pause !)
- Soyez 200% à l’écoute, évaluez la valeur, le contexte et les sous-entendus de ce qui se dit. Ne cherchez pas à établir un consensus à tout prix : faites remarquer les divergences ou nuances d’appréciation plutôt que de trancher en séance : les arbitrages se feront après l’atelier.
- Produisez une restitution qui ne soit pas un simple rapport ou compte-rendu des échanges : votre synthèse est déjà une façon de résoudre les contradictions ou impasses apparues lors de l’atelier.
